Lorsque l’on désire avoir un enfant, on imagine la grossesse comme une conte merveilleux. Malheureusement, en ce qui me concerne, c’est une tout autre réalité qui s’est imposée à moi…
Le 8 février 2019, j’ai appris la plus magnifique des nouvelles. Cela faisait quelques mois que nous avions décidé avec Julien d’entamer le nouveau chapitre de notre histoire.
Pour honnête, avant d’aller plus loin dans ce récit, je dois dire que j’ai longtemps hésité avant de vous écrire cet article. Pour ceux qui arrive ici pour le première fois, j’ai accouché il y a tout juste 3 mois. Ce qui m’a fait hésiter dans la rédaction de ce témoignage, car c’est tout simplement ce qu’il en est, c’est le regard des autres. J’avais un peu peur qu’on se dise, « pourquoi a-t-elle voulu un enfant si c’est pour dire tout ça ? » mais finalement, j’ai trouvé que c’était important. Dans la vie rien n’est tout blanc ou tout noir. On peut avoir rêvé de devenir mère sans pour autant en apprécier la route. Et puis, je voulais pouvoir donner mon point de vue sur la grossesse, mes déboires et peut-être rassurer cette future jeune maman, qui comme moi il y a quelques mois, se sent vraiment désemparée et remplie de culpabilité…
Quand j’ai appris ma grossesse, j’étais enceinte de 6 semaines. Ce qui m’a mis la puce à l’oreille, ce sont les symptômes prémenstruels couplés à des douleurs insoutenables à la poitrine. Je me sentais également ballonnée alors que j’avais repris le sport de manière régulière, ainsi qu’une alimentation irréprochable dans l’objectif de perdre les petits kilos emmagasinés durant les fêtes. Ce n’est qu’après une semaine de retard que j’ai fini par faire un test et le petit trait a confirmé ce que je pressentais pour changer ma vie à tout jamais.
Ma première réaction a été la surprise, suivie de près par une joie immense et des litres de larmes. Quelques jours plus tard, le gynécologue nous a confirmé qu’une petite crevette s’était bien installée. Toutefois, même si j’ai rapidement vu et senti mon corps changé – merci les nausées jusqu’à 5 mois – mon ventre, lui, n’est réellement apparu qu’à 5 mois de grossesse. Du coup pendant de nombreuses semaines, je me sentais juste moche…et grosse.
Et alors que j’espérais entamer mon second trimestre avec plus de sérénité, d’autres symptômes ont pris le relais sur les nausées…
À partir de ce moment, j’ai littéralement perdu le contrôle de mon corps.
Tout d’abord, j’ai commencé à ne plus savoir dormir la nuit. J’étais littéralement incapable de trouver une position confortable, et ce malgré le coussin de grossesse. Du coup, j’étais crevée et de mauvais poil. Ce qui a énormément joué sur mes états d’âmes. J’ai aussi commencé une rétention d’eau du feu de dieu et une hémorroïde a pointé son nez. Bonjour le glamour de la grossesse…
Physiquement, le pire a toutefois été la sciatique. J’ai souffert dès la fin du premier trimestre jusqu’à l’accouchement. C’était véritablement insoutenable. Je devais régulièrement aller chez l’ostéopathe et il m’était plus que désagréable de rester dans une même position très longtemps, ou même de marcher correctement. Avec tout ça, je voyais la cellulite s’installer malgré que je tentais de rester active. Par la suite, les kilos ont suivi et j’ai petit à petit perdu certaines facultés motrices. Et ça, je vous promets que ça a été un vrai calvaire. Et perdre mes capacités, me sentir faible et inutile, a été une chose horrible pour moi. Sans parler de mon reflet dans le miroir qui me donnait l’impression de gonfler à vue d’œil.
Au début de mon troisième trimestre, il ne se passait pas deux jours sans que je fonde en larmes à cause de la perte de contrôle de mon corps et les changements physiques. J’avais mis des années à m’accepter et en quelques mois à peine, je voyais tout s’effondrer. Je devais littéralement faire le deuil de mon ancien corps pour accueillir le nouveau que j’allais rencontrer après ma grossesse. Pour cela, je n’ai pas hésité à faire appel à des professionnels afin d’éviter de tomber en dépression et que mon petit Prince ressente le conflit intérieur que je vivais au plus profond de moi.
Par chance, je n’ai pas eu de « gros problèmes » durant ma grossesse. Toutefois, avec le recul, je me dis que j’aurais dû lâcher plus de lest. À plusieurs reprises, mon gynécologue m’a dit de lever le pied, j’acquiesçais gentiment puis je faisais comme bon me semble, car après tout « ça allait ». Je refusais de m’empêcher de faire certaines choses sous prétexte que j’étais enceinte. D’ailleurs, un mois et demi avant d’accoucher, j’ai passé la journée à Pairi Daiza sous un soleil de plomb. Pas ma meilleure idée, mais ça m’a fait énormément de bien de me vider la tête.
Maintenant, je ne vais pas vous le cacher, ce qui m’a permis en grande partie de tenir, c’est me PLAINDRE. Bon dieu, tous ceux qui me connaissent peuvent en attester, je n’ai pas arrêter de râler. « Je suis moche », « Je me sens grosse », « Je suis crevée », « J’ai mal », « J’ai des chevilles d’éléphants », « Je suis un baleineau », « J’en ai marre d’être inutile et de tout oublier », etc. En bref, si Julien ne m’a pas quitté pendant ma grossesse, ni mes amis et ma famille, je peux reconnaître que j’ai l’entourage le plus compréhensif du monde.
Tout ça pour dire que le merveilleux conte comme quoi la grossesse c’est magnifique n’a pas été mon cas ! J’ai adoré sentir mon loulou bouger et venir se coller là où je déposais ma main mais ayant eu un bébé en siège mon souvenir le plus intact reste la douleur que je ressentais dû à la position de ses pieds et de sa tête sur mes poumons et mes côtes. Limite, le jour où on m’a annoncé une césarienne programmée j’étais à deux doigts d’embrasser mon gynécologue – j’exagère, j’ai eu un bon gros moment de stress – tellement je voulais en finir.
J’ai d’ailleurs tellement détesté cet état que durant plusieurs mois, je n’ai fait aucune photos enceinte. Toutefois, une amie photographe a réussi à me convaincre avec l’aide de Julien en insistant sur le fait que dans quelques années, je regretterais de n’avoir pas immortaliser ça. Les clichés qui illustrent cet article sont donc les vestiges de ma grossesse.
Je tenais à faire part de mon témoignage car je trouve qu’on entend trop souvent que la grossesse c’est génial, qu’une femme enceinte c’est beau et tchic et tchac. Bien, je le redis, j’ai détesté, je l’assume et ça ne fait pas de moi une moins bonne maman. Et je veux que toi là derrière ton écran, si tu vis une situation similaire, arrête de culpabiliser. Tu n’es pas seule et tu n’es pas anormale. C’est pour ça que la grossesse dure 9 mois, pour apprendre à la future maman a ne plus vivre uniquement pour elle mais savoir se faire passer au second plan pour le bien-être de ce petit être merveilleux. Avoir aujourd’hui Alban à mes côtés me permet de me dire que je n’ai pas endurer ces 9 mois en vain. Après tout, j’ai mis au monde le plus adorable des petits garçons, et je ne regrette rien, même si le post-partum est encore parfois fragile. Toutefois, ça je vous en parlerai une prochaine fois.
J’ai écrit récemment un article similaire…sur les raisons qui me font adorer être enceinte! Mais j’ai beau m’etre beaucoup épanouie lors de mes grossesses je crois que tu as largement raison de faire cet article- non, ce “bonheur” qu’on vante oartout n’est pas systématique et n’augure en rien nos capacités maternelles. C’est heureusement bien plus complexe que ça et il ne faut pas en culpabiliser!
Très bel article ! Je ressens, mots pour mots ce que tu décris la.. Et j’m’éfforce de larcher prise, j’en suis à la moitié mais je pense a tous ce qu’elle procure a mon amoureux et moi… Que finalement tout ca, me glisse dessus. ☺️
Merci Merci et encore Merci
J’ai appris ma grossesse exactement le même jour que vous le 8 février 2019 et comment vous dire nous avons eu exactement la même grossesse du début à la fin??c’est même hallucinant de ce dire que je n’est pas été seul à avoir tous ces désagréments qui je vous confirme : j’ai détesté être enceinte pour tout ce que vous avez énuméré .Maintenant je me dis bon ba on fera un deuxième mais je le fais pour mon conjoint et ma fille qu’elle ne soit pas seul sinon je me passerais bien de re 9 mois.
Bon courage à vous pour cette nouvelle vie?
Je ressens tout ce que tu as décris et étonnamment je ne culpabilise enfin je crois pas… Je pense aussi que c’est normal d’avoir un mal de chien à se voir changer à tout jamais. Surtout quand on avait l’habitude de bouger, le fait de devoir se mettre entre parenthèse pendant neuf mois est difficile. Alors bien sûr quand je le dis je pense aux gens qui eux n’ont pas le choix que d’accepter leur cancer, leur perte d’autonomie pour tout le reste de leur vie mais je fais la différence dans ma tête entre une grossesse qui dure seulement neuf mois et cela.
Nous ne sommes pas malade et nous créons la vie, ce quil y a de plus beau mais sans oublier que nous y laissons du nôtre au passage.
Je ne regrette pas d’être tombée enceinte, je le souhaitais plus que tout mais m**de c’est pas que du rêve !
Merci à toi d’avoir partagé tout ça.
Des bisous compréhensifs ???